Lettre au Premier Ministre pour intégrer la filière lin dans le Plan France Relance / publié le 10.09.2020
« Depuis le début de la crise de la Covid-19, nous sommes mobilisés auprès des différents acteurs de la filière du lin en France. En effet, notre pays est le leader mondial de la production de lin, 80% de celle-ci est exportée vers l’Asie. La période difficile que nous traversons a de forts impacts sur toute la chaîne de valeur. Les exportations de la matière première sont réduites à néant : des agriculteurs liniculteurs aux marques textiles, en passant par les teilleurs, les peigneurs, les filateurs, les tricoteurs… Après plusieurs échanges avec les différents maillons de la filière lin, avec l’appui technique de la Confédération Européenne du Lin et du Chanvre (CELC) qui oeuvre efficacement à la promotion du lin, nous avons identifié 3 priorités à inscrire dans le Plan France Relance. La Première concerne les capacités de stockage pour la récolte 2020 chez les agriculteurs ou les teilleurs, afin de permettre de limiter la volatilité des prix et de maintenir un intérêt pour la culture du lin ; les décisions d’emblavement pour 2021 se prennent maintenant.
La deuxième priorité est d’amplifier et d’accélérer la recherche et le développement , afin de trouver de nombreux débouchés industriels et de limiter la dépendance au textile traditionnel. Le lin, fibre naturelle, entre déjà dans la composition de semi-produits. Il pourrait être vertueux d’accentuer son utilisation à usage technique dans de multiples secteurs comme l’aéronautique, l’automobile, les loisirs… Enfin, la troisième priorité concerne deux ambitieux agro-environnementaux portés par Arvalis, l’institut du végétal. Ceux-ci appelés Combilin et Breedflax trouvent un écho favorable auprès des liniculteurs. Même si le lin est, par nature, une plante qui ne consomme que très peu d’intrants et d’eau, Arvalis les accompagnent dans leur engagement de limiter le recours aux produits phytopharmaceutiques et à s’adapter aux évolutions climatiques à l’échéance de 2025. Un seul maillon manque dans le processus de transformation de la fibre de lin : la filature au mouillé. Nos travaux nous ont conduits à rencontrer des entrepreneurs qui, aujourd’hui, sont prêts à investir et/ou à relocaliser partiellement cette activité dans les régions de production du lin : la Normandie et les Hauts-de-France. Au regard de la synthèse de nos travaux avec l’ensemble des maillons de la filière du lin en France, les priorités ci-dessus peuvent s’inscrire dans le Plan France Relance. Néanmoins, il semblerait que les aides qui sont susceptibles d’être sollicitées, peuvent s’inscrire dans les principaux volets de ce plan de relance. Monsieur le Premier Ministre, pouvez-vous nous indiquer comment peuvent être fléchées les demandes des représentants de la filière du lin en France, sachant que les sujets des uns et des autres relèvent de différents ministères ? Nos travaux associés aux annonces du plan de relance doivent rapidement déboucher sur des solutions concrètes pour les agriculteurs, mais aussi pour l’ensemble des transformateurs. Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à notre démarche et au soutien de cette filière d’excellence ».
Pierre Cabaré / Député de la Haute-Garonne